Are You an Ethical True Crime Fan? 4 Questions To Ask | Lindsey A. Sherrill | TED

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Les implications morales de la consommation d’affaires criminelles

En 2015, le podcast « Serial », les docu-séries comme « Making a Murderer » et « The Staircase » étaient les sujets les plus populaires dans la pop culture. J’ai raté le train de l’obsession à « Serial », mais quand je m’y suis mise quelques mois après sa sortie, j’ai vite plongé tête la première dans le monde des affaires criminelles. J’étais obsédée. J’ai écrit une dissertation, des articles, un livre, et après d’innombrables heures à regarder des affaires criminelles, j’étais toujours obsédée.

Dans le cadre de mes recherches et de mon obsession, j’ai voulu quantifier et catégoriser les podcasts d’affaires criminelles, une petite partie du monde en expansion des affaires criminelles. En avril 2022, j’en ai identifié presque 5 000 et le nombre ne fait qu’augmenter. Notre obsession pour les affaires criminelles n’est pas nouvelle. Même si les spécialistes citent souvent « De sang-froid » de 1966 de Truman Capote comme première affaire criminelle médiatisée, il est facile de trouver des exemples des décennies avant Capote.

Regardez « Transatlantic Terror » inspiré par Jack l’Éventreur et H.H. Holmes dans les années 1880 et 1890, ou comment le meurtre d’Elizabeth Short en 1947 ont inspiré la frénésie médiatique et la légende du Dahlia Noir. On pourrait même dire que les exécutions publiques au Moyen Âge, la chasse aux sorcières, même l’Inquisition, étaient les premiers exemples d’affaires médiatisées. Avant, comme maintenant, les spectateurs regardaient, fascinés et horrifiés par le croisement du bien et du mal, la justice et l’injustice se déroulant devant eux lors de sinistres spectacles.

Il semble y avoir une chose innée chez nous qui est attirée vers les crimes ou la criminalité et les horreurs associées. Même si j’ai toujours aimé les affaires criminelles et les romans policiers, ma vraie obsession a disparu avec le temps. Je suis multitâche, alors les podcasts semblaient faits pour moi. En plongeant plus profond dans la spirale de « Serial », j’ai commencé à m’intéresser à d’autres récits d’affaires criminelles, et j’ai remarqué l’apparition d’un nouveau type.

Alors que plein de créateurs se concentraient sur le divertissement, d’autres se concentraient sur la réforme de la justice pénale, sur les erreurs judiciaires, sur les vieilles affaires non résolues. J’ai trouvé ça exaltant. Tellement que j’ai changé toute ma technique de recherche pour consacrer mon temps à mieux comprendre ce type particulier d’affaires criminelles médiatisées.

Mais quand je discutai de mon obsession avec d’autres gens, surtout des gens pas fans d’affaires criminelles, la même question ressortait. C’est bien ? C’est pas dégoûtant ? Ils se moquent des meurtres ? J’ignorais ces critiques ou je les dirigeais vers ce que je pensais être important : les créateurs et écrivains qui résolvaient des affaires, trouvaient de nouvelles pistes, en attirant l’attention sur des vieilles affaires non résolues et des injustices. C’est ce qu’on veut.

Mais quand je regardais la face cachée des affaires criminelles, c’était vraiment, vraiment moche. En 2018, j’ai commencé à interviewer des écrivains, journalistes, militants impliqués dans le récit d’affaires criminelles. Je voulais savoir comment chacun gérait cette dichotomie. Je leur ai demandé de définir le genre et de parler de sa réputation. Bien sûr, ils se sont extasiés sur le meilleur, mais d’autres mots revenaient. Opportuniste, salace, lubrique, porno meurtrier. Et comme la célèbre citation sur la pornographie traditionnelle, toutes mes interviews m’ont montré que même sans pouvoir décrire les mauvaises affaires criminelles, ils l’ont tous su en les voyant.

Aujourd’hui, je suis là pour donner à ceux d’entre vous qui, comme moi, sont peut-être un peu obsédés, quatre questions à vous poser sur les réelles implications de votre consommation d’affaires criminelles. J’ai basé ces questions sur mes discutions avec des gens impliqués dans le récit, mais aussi en écoutant ceux qui ont été affectés par leur connexions tragiques à ces histoires. J’espère qu’en devenant des consommateurs plus attentifs d’affaires criminelles médiatisées, on puisse diriger notre attention, nos ressources, nos dollars vers les gens qui font du bon travail.

Première question, demandez-vous : « Pourquoi ça m’intéresse ? » Il n’y pas de bonne réponse à cette question. Plusieurs études ont montré que les fans d’affaires criminelles, surtout les femmes, sont attirés par l’esprit de communauté. Beaucoup d’entre nous avons survécu ou connaissons des survivants et victimes d’agressions, de harcèlement, même de meurtre. Entendre les histoires des autres peut être curatif. On peut se sentir capable de se défendre et se sentir moins seul. D’un autre côté, parfois l’intérêt pour les histoires d’affaires criminelles est motivé par l’horreur ou l’excitation ou la curiosité morbide. Même si ces sentiments sont naturels et valides, si c’est la seule raison qui vous attire vers une histoire, il faut peut-être trouver autre chose.

Deuxième question : « Comment je me sens ? » Les fans d’affaires criminelles savent qu’elles sont rarement réjouissantes. Et pourtant, on recherche ce contenu. Pour certains, l’excitation et la motivation se trouvent dans la découverte d’un nouveau sujet. Pour d’autres, il y a ce que les psychologues des médias appellent une « motivation eudémonique ». C’est-à-dire, que notre intérêt va au-delà du plaisir ou des motivations hédoniques. Par exemple, dans mon cas, j’avais l’habitude de terminer l’histoire d’une victime non pas parce qu’elle était bien racontée ou même intéressante pour moi, mais parce que je devais prêter attention à la tragédie de cette personne, surtout dans le cas des victimes qui ont moins de chance d’être visibles dans la presse traditionnelle comme les hommes noirs ou les filles indigènes. D’un autre côté, parfois l’intérêt est motivé parce que c’est excitant, parce que l’histoire est captivante, elle est bien produite et pleine de personnages fascinants. Si ces motivations hédoniques ne sont pas problématiques en soi, si c’est la seule raison pour laquelle vous êtes intéressé par une histoire, il faudrait peut-être revoir cette consommation.

Troisième question, et elle est importante : « Comment se sentent les personnes concernées ? » C’est une question compliquée. Prenez, par exemple, le fameux dossier « Serial ». Les défenseurs de Adnan Syed, l’homme que beaucoup pensent être victime d’une erreur judiciaire, ont écrit des livres, produit des documentaires et enregistré des heures et des heures de podcast sur le dossier. Leurs arguments sont qu’ils veulent la justice pas seulement pour Adnan, mais aussi pour Hae Min Lee, la jeune fille dont la mort est au centre de l’histoire. Et pourtant, même si ces causes sont nobles, les récits ne parlent pas de la famille de Hae. Et ils ont déclaré que de profondes blessures s’ouvrent à cause de la remédiatisation de son histoire. Est-ce que ça veut dire que raconter l’histoire de Hae est immoral en soi ? Pas forcément. Le récit d’affaires criminelles, tout comme le journalisme traditionnel, se plongent dans des sujets douloureux. Parfois les vies publiques de simples citoyens — ou les vies de simples citoyens deviennent de l’information publique. Parfois des blessures sont rouvertes. La criminologue Elizabeth Yardley a beaucoup écrit sur l’éthique des récits de crimes. Elle rappelle aux fans de se souvenir, selon les mots d’un post sur Reddit du frère de Hae Min Lee, que « Pour nous, c’est la vraie vie…

En conclusion, la consommation d’affaires criminelles médiatisées soulève des questions morales et éthiques importantes. Il est essentiel de se questionner sur nos motivations, nos réactions émotionnelles et l’impact sur les personnes concernées par ces récits. En devenant des consommateurs plus attentifs, nous pouvons contribuer à diriger notre attention vers les créateurs qui font du bon travail et à éviter de glorifier des histoires malsaines. Il est important de garder à l’esprit que derrière chaque affaire criminelle médiatisée, il y a des vies réelles et des conséquences tangibles.

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