Des murmures d’admiration sont descendus des travées du Palais des Sports. Une fois, puis, deux, jusqu’à la bruyante et joyeuse explosion des 4200 spectateurs du Vol’Caen, une enceinte qui méritait son surnom sur cette action. Matthew Strazel venait d’enchaîner un délice de dribble face à Paris Lee, puis une passe dans le dos pour envoyer Mam’Jaiteh au dunk.
Dans une rencontre où Monaco s’est vite envolé (+ 23 dans le deuxième quart-temps), et le suspense avec, le jeune meneur (1,82 m, 22 ans) a permis au public de se régaler malgré tout, comme lorsqu’il a, d’un autre dribble chaloupé, donné le tournis à Nando De Colo. Ses stats, lors de cette large victoire monégasque face à l’Asvel (91-78), 10 points et 4 passes décisives, ne disent pas tout de son impact : revenu en jeu à 3’47 » de la fin du 3e quart, Strazel n’a alors plus quitté le terrain.
Relais sur le terrain de son coach, la légende grecque Vassilis Spanoulis, le meneur a pris toute la lumière lors de cette fin de rencontre. Organisant le jeu, annonçant les systèmes, et se changeant parfois de finir le job en attaque. Défendant avec rage, même lorsqu’un switch le laissait face à un joueur plus lourd. « Il a un gros coeur, admire son coéquipier Alpha Diallo. Il prend et met de gros shoots, il accélère le jeu et on a besoin de ça. En défense, il harasse les arrières adverses. Sa progression ces trois dernières saisons avec nous est énorme ».
Pièce importante d’une Roca Team qui vise ce dimanche un 4e sacre en Leaders Cup (après 2016, 2017 et 2018), l’international Français a pourtant connu un sacré creux cette saison. Après la défaite à Paris, début décembre (111-104), match où il était passé à travers (3 points), l’ancien de l’Asvel s’est de son propre aveu « remis en question. Le coach m’a mis un coup de pression après ce match. Il est très strict, à l’entraînement comme en match, mais c’est génial d’avoir un coach comme ça, qui a un tel vécu de joueur. Tout ce que je traverse, il l’a traversé, donc ça crédibilise son discours. Après sa venue (Spanoulis a pris la tête de Monaco fin novembre), j’ai repris de la confiance progressivement. »
Depuis cette mise au point avec « Kill Bill » et avec lui-même, le quadruple champion de France est excellent. Certes, la suspension d’Elie Okobo ou la blessure de Jordan Loyd l’ont aidé à avoir des minutes, mais Strazel a tourné en janvier à 15 points et 5 passes de moyenne en Championnat, actions spectaculaires en prime. Surtout, il a su répondre aux attentes de son entraîneur. « C’était un gros test pour lui, il a très bien réussi et le caractère est très important, apprécie le triple vainqueur de l’Euroligue comme joueur. Matthew a cette mentalité de toujours être prêt, il ne joue pas pour ses stats et c’est très important pour moi. Je suis très fier de lui »
Il devra être prêt, ce dimanche en finale de cette Leaders Cup, parce que ses qualités défensives devraient être bien utiles aux Monégasques pour ralentir les virevoltants meneurs Manceaux Tray Buchanan et surtout Trevor Hudgins. Au côté d’un Mike James en lice pour le titre de MVP de la compétition en cas de succès finale, il aura un rôle crucial à jouer.