Nouvel actionnaire de l’équipe de France de SailGP, une course internationale en équipages, Kylian Mbappé se lance dans le monde de la voile. Pour RMC Sport, Quentin Delapierre, skippeur du bateau français, dévoile les coulisses de ce partenariat.
Après le Stade Malherbe de Caen, pensionnaire de Ligue 2, et le haut de gamme électronique Loewe, Kylian Mbappé a décidé d’investir dans l’équipe de France SailGP – un circuit de régates internationales à bord de catamarans ultramodernes – emmenée par Quentin Delapierre. Pour RMC Sport, ce dernier, skippeur du F50, explique comment s’est nouée la connexion avec le capitaine des Bleus et buteur du Real Madrid.
Comment s’est construit ce lien avec Kylian Mbappé et l’association « Inspired by KM »?
Ce sont des discussions qui ont lieu depuis maintenant 7-8 mois. On a pu rencontrer un peu l’entourage de Kylian mais on n’a pas eu la chance de rencontrer Kylian. On a compris leur vision des choses, surtout avec « Inspired by Kylian Mbappé ». Il n’y a aucune aspiration particulière avec la voile, mais par contre ils ont trouvé un intérêt dans le championnat « Impact League » qui pouvait se coupler avec les intérêts de l’association de Kylian. Donc on est super contents de cette collaboration. Je pense que ça va faire de sacrés moments, de belles images. J’espère que ça inspirera les enfants pour leurs rêves et leurs ambitions. »
C’est un joli coup de projecteur sur la voile et particulièrement sur le SailGP qui a peut-être moins de visibilité que certaines courses.
C’est vrai que je suis plus impliqué sur la partie inshore. Je pense que SailGP est quand même en train de casser les codes et de donner un rendez-vous mensuel aux fans, aux téléspectateurs. Et ça, c’est une première dans la voile. Je pense qu’on est aussi en train de ramener pas mal de public sur chaque Grand Prix avec des gradins de 10.000 places. Ce sont des choses que moi, en tant que fan de voile, je n’avais jamais vu sur des régates inshore. C’est sûr qu’ajouter à cette recette un athlète comme Kylian Mbappé, c’est évidemment un super booster et c’est une très bonne chose pour l’équipe de France, pour la Ligue et pour la voile en général.
Il y a un côté très spectaculaire avec vos bateaux qui dépassent les 100km/h. Kylian Mbappé a dû voir des images, le spectacle, il connaît.
Oui, bien sûr. Ce ne sont pas des gens qui prennent des décisions à la va-vite. Ils ont vraiment pesé le pour et le contre, essayé de construire la chose pour qu’elle ait un intérêt certain pour l’entourage de Kylian et pour l’association. Evidemment, ils ont regardé les courses. Il y a l’entourage de Kylian qui est venu aussi à Dubaï. J’ai rencontré Fayza, la maman de Kylian, au Masters de Paris. On a essayé d’expliquer notre vision des choses, ce qu’on essaie de mettre en place en tant qu’équipe de France, mais aussi avec la Ligue. L’histoire est loin d’être à son apogée. Ça fait cinq ans que la Ligue évolue favorablement. On est ravis. Je pense que ça peut amener de belles perspectives.
Concrètement, pour les enfants, il y a un rendez-vous prévu en juin?
On accueille les enfants pour une première opération sur le Grand Prix de New York. L’idée, c’est de performer avec « Inspired by KM » sur l’Impact League, de mener les objectifs sociétaux de l’association et des opérations qui vont faire en sorte de faire découvrir notre univers aux enfants de l’association. Pas forcément que le sport, mais aussi le côté organisationnel, comment cette SailGP fonctionne, quels corps de métier sont présents à l’intérieur de la Ligue, quelle est l’ambition de SailGP à long terme. Vraiment qu’ils puissent s’inspirer de tout ça pour nourrir leurs propres ambitions, construire leurs rêves et essayer de s’en servir pour leur vie. Quand j’en ai parlé avec Fayza, c’est quelque chose qui m’a énormément interpellé, ce concept de mixité sociale. Ils y croient, ils le poussent à fond et j’espère qu’on va pouvoir amener notre pierre à l’édifice et qu’ils en seront ravis.
Comment va se dérouler cette première rencontre avec l’association?
On aura une dizaine d’enfants. Je croise les doigts pour qu’on ait une opportunité de les faire naviguer. Ce serait fabuleux. Ça ne va pas être facile. Mais par contre, le fait de leur faire découvrir la Ligue, l’équipe de France, les athlètes, je pense que ça peut être une expérience fabuleuse parce qu’il n’y a aucun enfant qui est plus ou moins proche de la voile. Je pense que ça va être une belle découverte.
Vous avez déjà fait naviguer des célébrités. Au-delà des enfants, l’objectif c’est peut-être un jour de réussir à amener Kylian Mbappé sur ce bateau?
Oui, on a eu la chance de faire naviguer Léon Marchand après les Jeux olympiques à Barcelone. On a eu Antoine Dupont aussi qui n’a pas pu monter sur le bateau, mais qui était présent. On a fait naviguer Florent Manoudou à Saint-Tropez. Mais ma plus belle expérience, ça reste avec Cédric Heymans qui est un grand chambreur et qui m’avait charrié sur le fait que pour lui, ce n’était pas vraiment de la F1 puisqu’il était venu à un Grand Prix à Copenhague où il n’y avait pas eu du tout de vent.
Je l’avais pris au pied de la lettre et je lui avais dit, « écoute Cédric, tu reviens à Saint-Tropez pour vraiment voir ce que c’est. » On a eu une journée d’entraînement dantesque où il y avait plus de 20 nœuds. Et là, le grand gaillard rugbyman n’était plus le même. Donc, on a bien rigolé et en arrivant à terre, il m’a dit: ‘Bon je n’avais pas bien saisi l’intensité que c’était.’ Il s’est fait un peu secouer le gaillard. Il a fait quelques bisous aux trampolines dans les virages. C’était très marrant. Si on peut partager ça avec Kylian, ce serait évidemment fabuleux, mais pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour. En tant qu’athlète, je serais comme un dingue de pouvoir juste voir les premières réactions de Kylian à la barre d’un F50.
Vous avez le temps de suivre ses performances de temps en temps?
Je ne pense pas être un énorme fan de foot. Par contre, je suis Kylian depuis sa révélation à Monaco. C’est quelqu’un qui m’inspire énormément, comme plein de personnes en France et dans le monde, j’imagine. Ce qui m’interpelle c’est qu’il a toujours cette faculté d’assumer ses ambitions et la trajectoire qu’il voulait entreprendre pour les réaliser. Je sais combien c’est difficile de le faire quand on est athlète de haut niveau, parce que ça va souvent avec des jugements, des critiques par la suite, et il faut vraiment l’assumer. Je sais combien c’est compliqué en voile, mais en foot, je n’imagine même pas. J’avoue que c’est toujours quelque chose qui m’a stupéfait chez lui. Il est évidemment une star mondiale. Tous ses faits et gestes sont critiqués, mais on sent qu’il a des convictions personnelles très fortes et qu’il n’en déroge pas. Ça fait le champion qu’il est aujourd’hui.
