L’arbitre de 41 ans, pionnière dans son domaine, est régulièrement la cible de paroles déplacées à connotation sexiste et misogyne. Elle s’en est ouvert à So Foot.
Pour Stéphanie Frappart, le temps de l’immunité est révolu. La Française a changé les regards à tout jamais dans son domaine, mais la mansuétude (très relative) dont pouvait bénéficier la courageuse arbitre de 41 ans pour son rôle de pionnière dans le monde de l’arbitrage n’agit plus.
Frappart, à l’instar de ses collègues masculins, est critiquée désormais – parfois très durement – pour les erreurs qu’elle commet. Dans les stades de foot où s’enracine la misogynie, les joueurs et les dirigeants ne sont pas forcément les plus virulents à son égard. « Ça vient généralement du public, car c’est de là qu’il y a souvent des mots à connotation misogyne qui fusent, comme par exemple: ‘Va faire la vaisselle' » raconte-t-elle dans un entretien accordé à So Foot.
Frappart: « Les gens sont assez lâches »
« Si on reste sur la partie sexiste et misogyne, je me rappelle un match en championnat régional où quand je suis arrivée au stade, on m’a demandé qui j’étais. Lorsque j’ai répondu que j’étais l’arbitre centrale du jour, mon interlocuteur m’a dit: ‘On ne peut pas faire pire qu’une femme.’ Ce qu’il y a de mieux à faire dans ces moments-là? Ne pas répondre », raconte l’arbitre.
Menacée physiquement et escortée par la police après avoir arbitré la finale de Coupe de Grèce en mai dernier, Stéphanie Frappart subit régulièrement toutes sortes d’intimidation, y compris des menaces de mort sur les réseaux sociaux. « Les gens sont assez lâches, en fait, car c’est facile de se lâcher sur les réseaux sociaux. En revanche, en face à face, j’ai toujours eu des relations très bienveillantes avec les gens qui étaient contents de ce que je faisais. Et c’est tant mieux, d’ailleurs! Alors que si ça se trouve, deux jours avant ou deux jours après, c’étaient ces mêmes personnes qui m’insultaient derrière leur écran. »
« Ce n’est pas que ça me gonfle, mais je me dis qu’il y a encore du travail à faire, qu’il faut continuer à faire changer ces mentalités-là », poursuit-elle. « Une erreur d’un de mes collègues masculins, on ne la mettra pas au même niveau que mon erreur. À l’inverse, mes bonnes performances peuvent être mises plus en lumière que celles de certains de mes collègues hommes. C’est tout ou rien, en fait. »