
Irvin Cardona (27 ans) a quitté la pelouse du stade Geoffroy-Guichard sur un doublé, le regard las mais la tête droite, samedi soir. Après avoir tout donné quatre-vingt-deux minutes durant, il méritait amplement l’accolade de Florian Tardieu et les ovations d’un Chaudron reconnaissant. Il ne lui avait fallu que quatre mois pour en devenir le « chouchou », l’an dernier. Alors déjà prêté une première fois par le club allemand d’Augsbourg, ses buts et ses passes décisives – dix et trois en vingt-deux matches – avaient permis aux Verts de décrocher un improbable retour en Ligue 1. Sa romance stéphanoise, saison une, le Nîmois l’avait débuté lors de son sixième match, en signant un doublé à… Angers (3-0, le 17 février 2024).
Sa saison 2 chez les Verts épouse donc étonnement les mêmes contours. « C’est tout ce que je me souhaite : que ça marche aussi bien que l’année dernière, a-t-il confié. Maintenant, la Ligue 1 est un Championnat plus difficile que la Ligue 2. » La mission qui lui est assignée, y maintenir l’AS Saint-Étienne, l’est tout autant. Mais son retour dans la peau d’une des deux seules recrues du mercato d’hiver (avec le défenseur polyvalent Maxime Bernauer) laisse à penser que le salut du promu stéphanois passera de nouveau par lui. Eirik Horneland partage visiblement cette espérance.
Alors qu’il a renvoyé Zouriko Davitachvili, pourtant son meilleur buteur (sept buts), sur le banc au coup d’envoi, l’entraîneur norvégien a préféré Cardona à Augustine Boakye, son actuel concurrent au poste d’ailier droit, pour débuter. Ce choix d’homme a fonctionné. À la différence des autres attaquants stéphanois, Cardona a cadré ses quatre tentatives, en première période (30e, 44e, 45e + 3), dont celle ayant permis de réduire le score, redonnant ainsi espoir avant la mi-temps (36e).
« On a fait de bonnes choses, montré un beau visage et un gros mental »
Son premier but de la soirée, il l’a marqué en réussissant la « Spéciale Cardona » : fixation dans le coeur de la surface sur corner, décrochage au premier poteau et tête décroisée au pied du poteau opposé. Petite piqûre de rappel de son nouvel entraîneur : « C’est un bon joueur, performant dans les courses dans le dos de l’adversaire et doté d’un gros jump. On le voit sur son but de la tête. » Sur le second, il a surgi, toujours au premier poteau, pour glisser l’offrande de Davitachvili entre les jambes du gardien (73e). Comme quoi, l’explication entre les deux hommes dans le vestiaire après la déception devant Rennes (0-2, le 8 février) a porté ses fruits.
Le retour de Cardona, aussi. Car en plus de son but, son aura de sauveur des Verts permet de fédérer les supporters autour de la cause commune du maintien. Même à 0-2, ils ont continué à porter leur équipe. Ils n’ont pas non plus laissé exploser leur colère après l’égalisation sur le fil d’Angers (90e + 4). « On a senti leur soutien, et ils nous ont dit qu’ils n’allaient pas nous lâcher, apprécie Mickaël Nadé. Tout comme on sent qu’Irvin apporte un nouveau dynamisme. C’est une recrue importante. Il peut nous aider, mais après, on forme une équipe. C’est tous ensemble que l’on va y arriver. »
Malgré ce septième match sans victoire (trois nuls et quatre défaites), qui laisse les Verts en position de relégables, Cardona s’en montre également persuadé : « Malgré beaucoup de frustration, on a fait de bonnes choses, montré un beau visage et un gros mental. On a déjà réussi dans le passé à en faire preuve. On est une équipe solide. On doit se servir de ce match pour avancer. Ce point sera important. » Si c’est le « chouchou » du Chaudron qui le dit…



