Ashraf Ghani: How to fix broken states
# Mobiliser différentes formes de capital pour construire un État
## Introduction
Un public, observait déjà Dewey, est formé au travers de la discussion et du débat. Si nous devons questionner la tyrannie des idées préconçues, et éviter la doxa, le domaine de l’incontesté, alors nous devons accepter de soumettre nos propres hypothèses au débat et à la discussion. C’est dans cet état d’esprit que j’ai rejoint une discussion sur l’un des plus sensibles problèmes actuels : comment mobiliser différentes formes de capital afin de construire un État.
## Le consensus sur le capitalisme et la démocratie
Enonçons clairement nos hypothèses : le capitalisme, après 150 ans, est devenu acceptable, au même titre que la démocratie. Si nous prenons le monde tel qu’il était en 1945, et nous regardons sur la carte les économies capitalistes et les systèmes démocratiques, ces pays étaient l’exception, et non la norme. Toutefois, la question actuelle se porte à la fois sur la forme du capitalisme et sur le type de participation démocratique. Mais nous devons reconnaître que la période contemporaine a vu la naissance d’un consensus rare sur les hypothèses, et que ce consensus fournit la base de l’action, puisque le consensus nous permet d’agir.
## Les défis du monde en développement
La majorité du monde ne bénéficie ni du capitalisme ni de l’organisation démocratique. La plupart des habitants du globe considère l’État comme une institution répressive, une structure qui nie leurs droits, la justice, au lieu de les garantir. En termes d’expérience du capitalisme, il y a deux aspects que cette partie du monde connaît. Tout d’abord, les industries extractives. Les diamants de conflits, les émeraudes de contrebande, le bois, qui ne bénéficient pas aux plus pauvres. Le deuxième élément est l’assistance technique, qui est actuellement la pire forme de cette face sombre du monde développé envers les pays en voie de développement. Des dizaines de milliards de dollars sont supposées être dépensées pour la formation avec des consultants touchant jusqu’à 1 500 dollars par jour, qui sont incapables de penser de façon créative, ou organique.
## Vers un monde unifié
L’hypothèse suivante est que nous ne vivons pas dans trois mondes différents, mais dans un seul monde. Cela signifie que si nous voulons avoir un monde unifié, celui-ci ne peut être divisé en considérables poches d’exclusion, d’une part et en zones d’inclusion, d’autre part. Nous devons désormais en venir à réfléchir aux conditions de réalisation d’un monde véritablement global, que ce soit en termes de droits, de devoirs et de responsabilité qui auraient une portée vraiment globale. Dans le cas contraire, nous allons manquer cette occasion unique dans l’histoire, où il existe un consensus sur les formes actuelles de la politique et de l’économie.
## Les fonctions essentielles d’un État au XXIè siècle
Quelle organisation choisir ? Nous avons trois paramètres essentiels : l’économie, la société civile et l’État. Nous proposons 10 fonctions essentielles qu’un État, au XXIè siècle, doit assurer : le monopole de la violence, le contrôle administratif, l’administration des finances publiques, l’investissement dans le capital humain, l’octroi de la citoyenneté, le financement des infrastructures, la gestion des actifs matériels et immatériels de l’État par la régulation, la création du marché, les accords internationaux — emprunts publics compris — et enfin, le plus important, l’État de droit.
## Conclusion
Il est nécessaire de repenser la notion de capital et de mobiliser différentes formes de capital pour construire un État solide au XXIè siècle, prenant en compte les défis du monde en développement et visant à unifier le monde dans un consensus sur les formes actuelles de la politique et de l’économie.
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